Qui n’a jamais joué à Tetris ou à un jeu qui en reprend le concept ? Nous avons tous déjà une fois tenté d’emboîter parfaitement ces formes afin de supprimer les lignes qu’elles créaient. On perd ? Pas grave, on recommence. Oui mais pourquoi, c’est là toute la question. Qu’y a-t-il dans Tetris qui fait qu’on a envie d’y rejouer ? Certains vont même jusqu’à y passer des heures, suffisamment pour en rêver la nuit ou même pour voir des immeubles bouger !
Le phénomène possède désormais un nom, donné à partir d’un psychologue russe (Bluma Zeigarnik) : l’effet Zeigarnik. Ce dernier s’est retrouvé dans un bar dans les années 1930 et y a rencontré des serveurs pouvant se souvenir de toutes les commandes (jusqu’à 12 en même temps). Un client commande une boisson, une table en commande d’autres, aucun soucis, pas besoin de l’écrire, le serveur leur apporte tout ça et… oublie tout. Une mémoire parfaite qui s’efface dès que l’action est accomplie.
Tetris recrée donc sans cesse des tâches à terminer : combler les trous, supprimer des lignes, et tout ça à cause de ces pièces qui ne s’arrêtent jamais de tomber. Le problème, c’est que la cause de tout ça, ce sont bien évidemment les pièces qui tombent, mais ces dernières sont également la solution éventuelle au problème, celle qui permettra de supprimer des lignes… qui se retrouveront recréées quelques secondes plus tard.
Mais la satisfaction de parvenir à supprimer des lignes ne disparaît pas et est toujours la même. De plus, le monde de Tetris a été fait de telle sorte qu’il est plus facile et rapide d’agir au lieu de réfléchir. En effet, plutôt que de penser à l’avance si la pièce que l’on contrôle ira bien dans le bon trou si on la tourne de telle ou telle façon, nous préférons la tourner avant et voir si la nouvelle forme obtenue convient : aucune réflexion nécessaire.
Et le cerveau humain n’est pas franchement intelligent pour le coup : Tetris recrée à l’infini un nouveau but à atteindre, un but qui nous apportera une petite satisfaction, petite mais suffisante pour nous donner envie de continuer à faire la même chose et parvenir à supprimer des centaines et des centaines de lignes.